Les solutions d'emballages réutilisables : décryptage
Vers des solutions isothermes simples, économiques et durables
En quête de plus de simplicité pour faciliter la gestion de leur logistique froide, les industriels pharmaceutiques sont à la recherche de solutions isothermes performantes, simples d’utilisation, capables de répondre à des profils complexes.
Solutions mono-configuration avec matériaux à changement de phase, utilisation de matériaux isolants techniques tels que les panneaux isolants sous vide (VIP) seuls ou combinés avec les isolants traditionnels, les fabricants développent des solutions de plus en plus techniques donc de plus en plus coûteuses pour répondre aux demandes croissantes du marché. A cela s’ajoute les préoccupations budgétaires (la notion de TCO – Total Cost of Ownership – et largement prise en compte dans le choix d’une solution) et environnementales des acteurs de la logistique de la chaîne du froid qui s’orientent de ce fait de plus en plus vers des solutions isothermes réutilisables.
Emballage réutilisable semi-actif
Une absence de cadre réglementaire pour garantir les performances des emballages isothermes réutilisables
Aujourd’hui, le marché du transport des produits pharmaceutiques sous chaîne du froid voit apparaître de plus en plus de solutions isothermes réutilisables. Les fabricants garantissent des dizaines de réutilisations en toute sécurité. Pourtant, il y a de quoi émettre des réserves sur la garantie des performances de l’emballage isotherme : comment vérifier que les performances de l’emballage n’ont pas été altérées par les précédentes utilisations ?
« Chez Sofrigam, nous présidons la commission Développement Durable de l’Association Française du Froid, nous sommes membres d’Elipso - syndicat de l’emballage plastique - et partenaire du CETHIL (Centre d’Energétique et de Thermique de Lyon). A ce jour, malgré les différentes études environnementales menées, nous n’avons pas la conviction que les solutions dites réutilisables soit valables d’un point de vue financier, sécuritaire et environnemental», mentionne Laetitia Perche, directrice marketing chez Sofrigam
Comme nous l’explique Gilles Labranque, PDG de Sofrigam, la problématique rencontrée par les industriels de l’emballage réfrigérant concernant la réutilisation des emballages est qu’il n’existe aucune norme permettant de définir les conditions de réutilisation : « L’emballage réfrigérant est le garant de l’intégrité des produits de santé transportés, il se doit d’assurer leur pleine sécurité. Or aujourd’hui, il n’existe aucune norme ni aucune réglementation qui détermine les conditions validant la réutilisation d’un emballage isotherme et de ses accessoires. Quels critères permettent d’affirmer qu’un emballage est réutilisable et répond aux exigences du respect de la chaîne du froid même après une seule utilisation ? Comment s’assurer qu’il répond aux conditions de qualification initiales ? Rien n’est encadré et c’est un vrai problème en termes de sécurité des produits.»
Quel impact financier et environnemental ?
La réutilisation d’un emballage isotherme semble au premier abord le meilleur moyen pour rentabiliser une solution coûteuse. Le coût d’acquisition est divisé par le nombre d’expéditions supposées que pourrait supporter l’emballage, ce qui rendrait le coût total de l’expédition (TCO) moins élevé que celui d’une solution à usage unique.
Au premier abord seulement, car tout dépend évidemment du circuit logistique
Concernant l’aspect environnemental, la réutilisation d‘un emballage consomme d’autant moins de matières premières que de nombre d’expédition qu’il assure. En d’autres termes, en réutilisant l’emballage, on augmente son cycle de vie et on réduit les émissions de gaz à effet de serre liées à la production. Il faut néanmoins prendre en compte le circuit retour de l’emballage, ce qui n’est pas le cas pour un emballage jetable. Une autre question reste en suspens : quels critères permettent de décréter la fin de vie de l’emballage isotherme ? Qui décrète la fin de vie ? Comment la gérer et qui en a la responsabilité ?
Autant d’interrogations qui montrent que la réutilisation des emballages, bien qu’à première vue séduisante sur le plan économique et environnemental, est une problématique complexe qui reste à résoudre sur plusieurs niveaux :
- Définir un cadre réglementaire et normatif pour encadrer et sécuriser la réutilisation des emballages
- Gérer la fin de vie de l’emballage isotherme
- Inciter et accompagner les acteurs de la logistique des produits pharmaceutiques à température contrôlée à mettre en place un système de gestion des emballages isothermes pour assurer la réutilisation dans de bonnes conditions.
Pour évaluer le gain en termes de coûts et d’impact environnemental des solutions isothermes réutilisables, il faut prendre en compte les différents circuits logistiques de réutilisation possibles. Nous étudierons dans le prochain article l’impact financier d’un emballage réutilisable versus un emballage jetable selon 3 circuits logistiques types.